
Ellen Marie Wiseman
Ce qu’elle a laissé derrière elle
Encore une pépite des éditions @faubourg.marigny !
1929. Clara, jeune femme issue d’une famille bourgeoise, s’éprend d’un bel italien et rejette le mariage arrangé par ses parents. En conséquence, pour la faire rentrer dans le droit chemin, son père la fait enfermer dans un institut pour malades nerveux. Le krach de 29 lui fait perdre sa fortune. N’ayant plus les moyens de payer l’institut, il fait transférer sa fille à l’asile public.
1995. À 17ans, Izzy vit en famille d’accueil depuis que sa mère a tué son père d’un coup de fusil. Ses membres travaillent pour le musée local. Un jour, ils sont appelés à trier des objets dans un ancien asile et invite Izzy à venir leur prêter main forte.
Il y a toujours une saveur particulière, une gravité à lire une histoire inspirée de faits réels dramatiques.
Bien que celle-ci soit construite suivant un modèle maintes fois éprouvé, avec une alternance d’époques et de personnages, le lecteur se laisse happer par cette destinée féminine qui, finalement, aurait pu être la nôtre. L’empathie pour Clara est décuplée par l’injustice innommable dont elle est victime, petit agneau sacrifié comme tant d’autres sur l’autel de la respectabilité.
Jeune femme intelligente mais naïve dans les premiers temps, elle n’aura de cesse de chercher une échappatoire au milieu de personnages aussi abjects que l’hygiène de l’établissement.
Car le roman permet à l’autrice de raconter les débuts de l’hôpital psychiatrique public et ses dérives, mêlant à la fois sadisme et manque de connaissance.
Saleté, insalubrité, torture, coup, insulte, passe-droit des infirmières et toute-puissance quasi divine du médecin, elle dénonce en prenant le temps de brosser un décor qui colle aux pages.
Friande de romans historiques, j’ai adoré les passages concernant les découvertes du passé, les objets poussiéreux que l’on retrouve, ces objets renfermant des vies, des drames, des joies et des secrets. Petite archéologue au milieu des personnages du roman, j’ai vibré à l’ouverture des caisses et des valises confisquées à leurs propriétaires.
Le personnage d’Izzy permet d’aborder l’adoption, la folie et les transmissions entre générations. Si j’ai moins vibré pour ce personnage, il n’en reste pas moins émouvant dans sa jeunesse cassée et ses conséquences. L’happy end très américain est presque attendu, dommage, mais vient contrecarrer les pages sombres du livre.
Bilan : une excellente lecture que l’on peut poursuivre par une interview de l’autrice en fin de livre, puis sur le net si l’on est, comme moi, passionnée d’Histoire.