A toi mon amie prodigieuse

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Oui, j’écris. Aussi. Cela m’arrive et, généralement, je ne partage pas. Pas pudeur. Par crainte. Par manque de courage aussi.

Mais mon amie prodigieuse aurait eu ce courage. Alors voilà.

A toi, mon amie prodigieuse.

 

Blanche. 

 

Quel drôle de prénom pour te définir, quand on y pense.

Toi qui n’étais qu’explosion de couleurs. Des rouges, des bleus, des verts, des grenats, des rose, des pourpre…. Sur tes vêtements et sur tes lèvres, sur tes bijoux et dans ton regard. Selon ton humeur. Vert et tendre par temps de douceur, gris aux accents violines lorsque grondait l’orage. Et tu distribuais tes couleurs alentours, tel un feu d’artifice, enhardissant celui ou celle ayant la chance d’être touché. Sans relâche, tu réitérais ce miracle, laissant derrière toi des myriades d’étincelles.

 

Et pourtant…


Rien de tel pour te mettre en valeur qu’un habit blanc, rehaussant le teint hâlé de ta peau, accentuant le vert profond de tes yeux. Je me souviens de ton armoire comme de la caverne d’Ali Baba, regorgeant de trésors de toutes sortes, toutes formes, toutes utilités. Tu virevoltais tel un papillon aveuglé : Regarde cette couleur ! Tu as vu cette jupe ? Que penses-tu de l’associer à ce chemisier ?

Il n’y avait aucune superficialité dans ton attitude, aussi exaltée soit elle. Ces artifices achevaient ton identité, et tu tombais juste.

Toujours.

 

Avec toi, j’ai chanté, dansé ri, pleuré, crié, applaudi, révisé, écrit, chuchoté, hurlé, dormi, nagé, j’ai vécu, je me suis maquillée, habillée, cassé la gueule et relevé.

J’ai appris à être entière, vraie, toujours là pour l’autre. J’ai parlé des nuages, de la politique, des garçons, de musique, des cours, de nos parents, de cinéma, de livres, beaucoup de livres, des garçons encore, de la guitare, de peinture, de futur, de passé, d’hypothétique et de Vincent Cassel.

 

A travers toi, je me rapprochais de moi-même.

 

J’ai appris à tes côtés  les noms des rouges à lèvres. Beige rosé, rouge vif fatal, corail, rouge pirate, rose perfecto… Mat, satiné, brillant… Les fars à paupière, les vernis à ongles.

 

Et le bleu.

 

Celui de la mer, du ciel, de la nuit, de la tristesse, des volets de cette jolie maison  de Pornichet, du myosotis et de Van Gogh (un autre Vincent). Ce bleu profond, inimitable, magnifique  qui entoure l’église d’Auvers-sur-Oise.  Il m’accompagne tous les jours, au-dessus de mon bureau.

 

Ton bleu est devenu mien.

Je nous ai d’ailleurs emmenées en voyage, à Paris, le mois dernier, pour le contempler. Je suis restée devant longtemps, immobile, tandis que le flot ininterrompu des visiteurs continuait sa valse autour de nous. Le même choc, à chaque fois. Et la déchirure de laisser ce tableau être contemplé par d’autres que nous. Je suis sûre que Vincent aurait compris. J’y retournerai, encore. C’est promis.

 

Céline

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