Giuletta Shakespeare

📚 Patricia Reznikov
🎭 Giulietta Shakespeare

 

Imaginez un instant…


À la une des quotidiens nationaux, ce titre : Molière, l’imposture !
Son nom serait une supercherie, un mensonge éhonté, une légende devenue réalité, un auteur académique élevé au rang de symbole national mais aux fondations instables…


Le choc…

Passons la Manche.
Là-bas, Molière se nomme Shakespeare et il est à présent communément admis (mais pas démontré!) que l’homme de Stratford-upon-Avon n’aurait eu ni le talent ni l’accès aux connaissances nécessaires pour créer l’œuvre géniale qu’on lui connaît !

 

Mais alors…qui ?
Comment ?
Pourquoi ?

 

Il y a peu, j’ai lu sur le conseil de ma chère libraire le génial Mary Sidney alias Shakespeare de Aurore Évain, qui déroule des arguments convaincants avec une plume délicieuse et non pontifiante (une grande réussite!).


Aujourd’hui, Netgalley et les éditions Grasset me permettent de découvrir une fiction imaginée autour du personnage de John Florio, derrière lequel se cacherait peut-être le dramaturge anglais.

Le pitch :
Benjamin traîne sa mélancolie en bandoulière depuis que Juliet l’a quitté. Son vieil ami Andréa ressurgit alors dans sa vie avec un livre découvert par le plus grand des hasards. Celui de Scopritori, un spécialiste de Shakespeare, écrit à Turin pendant la montée du fascisme. Un livre énigmatique, qui recèle un mystère que les deux amis sont bien décidés à lever.


Trois récits, trois époques, trois mondes entrelacés et le personnage de Giulietta, apparaissant dans les rêves de Benjamin. Giulietta la pseudo-sœur de Shakespeare, déjà imaginée en son temps par Virginia Woolf pour laquelle il était évident que l’écriture de Shakespeare comportait un pan féminin. Décidément.

Si l’aspect plutôt historique m’a paru convaincant (au point de commander fissa le livre John Florio alias Shakespeare), la fiction élaborée autour du récit m’a perdue. Les questionnements autour de la relation de Benjamin à Juliet apparaissent à mes yeux comme un prétexte, Juliet presque muse d’un homme en perdition relationnelle.

Le texte néanmoins fait la part belle aux femmes, femmes créatrices, femmes inspirantes et faisant preuve d’initiatives. Ici, les hommes cherchent et les femmes guident. Et si Shakespeare était en fait la somme d’un homme et d’une femme, le fameux choix du roi ?

La langue est belle, elle ne pouvait pas être moins que belle avec un sujet aussi prestigieux. C’est réussi !

 

Bilan :
Un livre plaisant qui présente une lecture fictionnelle d’un postulat, avec des longueurs, comme un tremplin vers les œuvres listées en bibliographie.
Mais qui diable se cache derrière cet usurpateur ???

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