Rachid Benzine
Les silences des pères
Un fils, musicien accompli, apprend le décès de son père au téléphone. Des années qu’ils ne se sont pas vu, ni même parlé. Des silences, des choses tues, puis un infranchissable gouffre entre les deux. Le fils revient à Trappes, lieu de son enfance, afin de préparer les obsèques avec ses sœurs, puis trier les affaires. C’est là qu’il découvre une enveloppe. À l’intérieur, des heures d’enregistrement sur cassette audio. Et la voix du père, douce et enveloppante, qui raconte.
Bouleversant!
Immense coup de pour ce récit beau et pudique, si doux à la lecture. Le roman est court mais peu de pages permettent à l’essentiel de surgir.
Les cassettes sont destinées à la famille du père, restée là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée. Des mots pour rassurer ses parents donc, mais aussi pour dire les conditions de son arrivée en France, ses attentes, ses espoirs, combats, désillusions.
Puis la rencontre avec une femme, qui n’est pas la mère du fils…
C’est un homme que découvre le fils, un homme qu’il n’a pas su ou pu rencontrer de son vivant.
Un homme qui a choisi de taire sa jeunesse pour laisser ses enfants trouver leur place en France, sans les alourdir d’un passé devenu inutile.
Un homme apprécié de l’ensemble des personnes qu’il a connues.
Un homme de valeur et de parole, profondément altruiste.
À son tour, le fils part dans un voyage vers ces personnes, vers l’histoire de son père, vers ses racines. Des anciens compagnons de route ou de travail, chez qui cet homme a laissé une trace. Le texte est emprunt d’une magnifique humanité.
Avec justesse, l’auteur montre que parfois, le silence rend l’absent définitivement plus présent.
Roman finaliste du #prixduromanfnac
Un grand bravo !