Maria Larrea
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent
Victoria et Julian, deux enfants abandonnés à la naissance, se rencontrent et unissent leurs solitudes. Très vite, ils se marient, quittent l’Espagne pour la France. Bientôt, il y a Maria, leur petite qui grandit dans les couloirs du théâtre de la Michodière entre un père alcoolique et une mère qui baisse l’échine. Maria se passionne pour le cinéma et rentre à la Femis. Un jour, un simple tirage de carte de tarot explose toutes ses certitudes. Maria est une enfant adoptée.
PASSIONNANT ! 🤩
J’ai été happée par ce récit autobiographique, sans répit, enlevé et courageux. Touchée au cœur. Ici, la réalité dépasse largement la fiction. Sans complaisance mais avec le souci d’être au plus juste des ressentis de chacun, l’auteure nous embarque avec elle dans sa quête d’identité, à la recherche de ses origines.
À la source, un scandale des années 70. Un trafic de nouveau-nés, des femmes qui auraient « fauté », une organisation bien huilée où l’on achète un enfant sous le coude, où l’on s’arrange avec la légalité. Car Maria n’est pas la seule, loin de là.
Par procuration, nous plongeons avec elle dans un abîme de détresse et de colère.
La déflagration d’une telle annonce s’apparente aux étapes d’un deuil : choc, déni, colère, acceptation. Et dans son cas, une dernière étape, la recherche, qui s’écoule sur de nombreuses années, parce rien n’est linéaire, parce que le chemin qui mène à la vérité est semé d’embûches et prend parfois des chemins inattendus et détournés.
Maria est courageuse. On lui scie une branche mais elle attend qu’une nouvelle bouture prenne. À la fin du roman, une nouvelle branche a germé, la cicatrice est encore présente mais ne démange plus. Allégée, Maria peut avancer, se projeter, s’ancrer. Nous assistons à une naissance, avec une profonde émotion. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’on naît à presque quarante ans…
Un proverbe africain dit « Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. »
Maria Larrea transcende avec justesse ce dicton.
Une plume magistrale pour un premier roman. À lire, découvrir, savourer.
L’avez-vous lu?