Louise Mey
Petite sale
Février 1969. Saint-Dury, nord de la France, non loin du chemin des Dames.
Dans ce village, un domaine, celui de Monsieur. Riche propriétaire terrien, il a su faire fructifier des terres reçues à son mariage et emploie ou fait vivre une bonne partie des habitants. Par son porte-monnaie et son influence, il régit les lieux. Ce qui peut attiser des rancœurs.
Alors, le jour où sa petite-fille Sylvie disparaît et que deux flics débarquent de Paris pour aider les locaux, les motifs du crime se font légion. Les inspecteurs ne savent pas encore qu’ils vont devoir déterrer bon nombre de secrets tout en se confrontant au silence écrasant des habitants.
Quel titre !
Il attire l’œil et interroge mais je ne vous donnerai qu’un seul indice : « Elle est ici, clouée dans la boue, la boue plus riche qu’elle. »
L’autrice excelle dans la description des lieux, aux accents zoliens.
Oui, il y a du Émile dans sa manière de parler de la terre, de la boue, du froid qui gangrène les corps et les esprits. Rarement décor m’a paru si prégnant, si concret, transmettant au-delà des pages une ambiance malaisante. Arbres décharnés, sols gluants, vent furieux, venelles hurlantes, givre qui statufie.
Cette âpreté, cette dureté agissent évidemment sur les personnages, leurs cœurs gelés sous la peau, le silence pendu à leurs lèvres. Les relations humaines sont fouillées, presque étudiées et le récit prend la forme d’un polar social particulièrement bien mené.
Il y a quelques longueurs mais n’est-ce pas le propre d’une enquête de l’époque ? Loin des séries télé et des résultats scientifiques immédiats, l’autrice nous propose de mener aux côtés des deux policiers une lente mais efficace percée dans ce milieu. Pour comprendre où est Sylvie, il faut d’abord comprendre où ils ont mis les pieds.
Dans la boue.
Très belle découverte que je vous conseille vivement !
@louisemey_autrice