Sans cesse repousser le rivage

Maud Santini

Sans cesse repousser le rivage

Maud Santini est docteur en anthropologie. Pendant presque un an, elle a suivi les équipes d’urgence de Paris sur le terrain. Baroudé à leur côté en traversant la ville à fond la caisse, virages serrés et visages concentrés. Été témoin de drames intimes et bouleversants.

 

Dans cet essai, l’autrice interroge toute l’organisation qui conduit de l’appel à hospitalisation. Toute cette chaîne de professionnels, de l’assistant régulateur au conducteur du SMUR, de l’équipe médicale du SAMU au médecin de service à l’hôpital.

Tout commence par un coup de fil. Parfois plusieurs, s’il y a de nombreux témoins. Ou de nombreuses victimes. Dans la salle de régulation, il est rare que les téléphones se taisent. De jour comme de nuit, des assistants répondent aux appels du 15. Écoutent, questionnent, analysent, décident.

 

À travers son récit, c’est un maillage complexe qui s’offre à nous. Un maillage géographique (le GPS ne va pas assez vite pour guider le SMUR), un maillage social, un maillage structurel qu’est notre système de santé, si mis à mal depuis des années.

 

J’ai ressenti les équipes d’intervention comme de véritables cow-boys d’aujourd’hui, livrés à un monde sauvage dès qu’ils quittent leur base.

Pluie, froid, rues sales, passants, touristes, vélos ou trottinettes d’une extrême dangerosité, tension dans les quartiers, nuit… Ils bravent l’instabilité du dehors. Les conditions de travail sont éprouvantes pour les corps et les esprits. Il faut en vouloir. Avoir la foi, en quelque sorte.

 

Ce récit très édifiant m’ a beaucoup appris sur l’histoire même du SAMU, son organisation, ses réalités et imbrications, son mouvement si particulier. Le placement des corps autour de la victime, les problématiques de la route… Ou comment adapter en temps réel une intervention qui par définition ne peut pas être anticipée.

 

Néanmoins, si le récit m’a plu par son aspect instructif, il m’a semblé étonnamment froid. À part le chapitre « À moins d’un miracle », j’ai finalement été asse peu émue. Est-ce volontaire de la part de l’autrice ? A-t-elle souhaité, à l’image de l’équipe médicale, gardé une nécessaire et salutaire distance de sécurité ? Se prémunir d’une empathie trop forte vis-à-vis des drames humains ?

 

Quoi qu’il en soit, cet essai est à découvrir et partager !

Merci à Maud Santini d’avoir mis en lumière ces héros (et héroïnes) du quotidien.

Bravo et merci à eux !

(À quand l’essai sur le 18 et ses autres héros ?)

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