Coup de !
« T’en as jamais marre d’être toi ? »
En décrochage scolaire, violent, imprévisible, Shy est un ado en résidence dans un manoir du XVIIe classé au patrimoine, qui abrite des jeunes dits « délinquants ». Ils sont accompagnés par Steve et Amanda, éducateurs et travailleurs sociaux. Mais bientôt ce centre, appelé l’école de la Dernière Chance, va fermer, victime des promoteurs qui souhaitent en faire des appartements de luxe.
L’espace d’une nuit, Shy fait le bilan, revient sur son histoire et mène le plus rude combat de sa vie, celui contre lui-même.
Une lecture éprouvante que ce roman !
Quelle claque littéraire !
J’ai le sentiment d’avoir vécu une expérience sensorielle, une plongée dans la psyché de ce jeune homme, un garçon à la fois cru et bohème, agressif et poète.
Lors de cette nuit décisive, il décide de fuguer, dans tous les sens du terme. Fugue d’un lieu, d’une vie, de lui-même. Ses pensées disparates forment un patchwork a priori éclaté mais l’image au départ pixelisée finit par se forger sur notre rétine.
Comme les pensées du personnage, de nombreuses narrations et temporalités s’entremêlent dans ce récit exigeant pour le lecteur. Une fois passé cette difficulté, la limpidité du propos éclate, et l’on ne peut qu’admirer une telle prouesse d’écriture. Les différentes polices utilisées permettent de guider le lecteur mais elles confèrent au texte une autre dimension : de la poésie.
Mots jetés, phrases scandées, rimes cachées, goût pour la juste expression et les images frappantes, l’auteur excelle dans la mise en mots des émotions.
Le texte s’étire, du mot au paragraphe, gagne en ampleur et profondeur. L’écriture est au cordeau, ciselée, une vraie dentelle.
L’auteur nous offre le cri du cœur d’un ado au sac à dos rempli de cailloux.
Déchirant et bouleversant !
Au passage, un grand bravo au traducteur que ce texte a dû pousser dans ses retranchements !
Roman découvert dans le cadre du #prixduromanfnac