Un bon indien est un indien mort

Un bon indien est un indien mort

Stephen Graham Jones



Il y a dix ans, une bande d’amis indiens a massacré un troupeau de caribous. L’un d’entre eux, une femelle, revient à la vie, et elle n’est pas contente. Pire, elle revient se venger.



Cinq jours avant Thanksgiving, dernier jour où la chasse est possible, où un indien doit revenir avec un caribou. Quatre d’entre eux ont voulu faire le plein de viande en organisant une partie de chasse illégale sur une terre interdite. C’est un carnage. Parmi les victimes, une femelle en gestation, un fœtus encore chaud dans son giron.

Dix ans plus tard, un des quatre amis est massacré devant un bar. Un règlement de compte ? Oui, mais pas celui que l’on croit…

J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce texte. J’ai même failli renoncer. Est-ce dû au ton caustique, à ce second degré si omniprésent qu’il noie le texte ? J’ai mis du temps à ressentir de l’empathie pour le personnage de Lewis, dont je ne parvenais pas à comprendre les réactions.

J’ai poursuivi et grand bien m’a pris! Si ce roman n’est pas celui que je retiendrai de cette rentrée littéraire, il n’en reste pas moins passionnant pour bon nombre de raisons.



Âmes sensibles, s’abstenir !

 

Je ne sais pas si je dois m’inquiéter d’avoir apprécié avec délectation toutes les scènes horrifiques…

La malédiction pointe de bout de son museau entre les pales du ventilateur du salon et le roman bascule dans le fantastique pour ne plus en sortir.
Dans cette atmosphère lourde et oppressante, le lecteur assiste à la subtile entrée en scène de l’horreur qui prend des formes et des visages différents.



À travers ce récit détonnant, l’auteur interroge la notion d’identité.

 

Qu’est-ce qu’être un indien aujourd’hui ? Suivre les règles ancestrales ou adopter la modernité ? Se référer aux modèles ou en créer de nouveaux ? Perpétuer les croyances ou s’en libérer ? Le roman permet de voyager dans la réserve aux côtés d’Indiens d’aujourd’hui et d’embrasser leurs questionnements, leurs rêves, leurs doutes et leurs peurs. Car, au-delà de l’aspect horrifique salué par Stephen King himself, le texte parle avant tout de liens filiaux et de transmission intergénérationnelle.

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