Alabama 1963

Birmingham, Alabama, 1963.


Une fillette est retrouvée sans vie dans les bois. Puis deux puis trois… Elles sont noires ces fillettes, les flics ne se bougent pas. Les parents, eux, réclament justice et s’en vont frapper à la porte d’un détective privé blanc, ancien flic au passé chaotique, alcoolique et raciste par-dessus le marché.
Adela, femme de ménage noire, habitant le quartier, va contre toute attente le seconder dans son enquête.

J’ai beaucoup entendu parler de ce roman, si bien que mon attente était forte! Le début m’a paru poussif, les personnages stéréotypés voire manichéens. L’abondance de dialogues a failli
avoir raison de moi, mais j’ai poursuivi. Grand bien m’a pris! Soudain, la magie a opéré et la
réaction chimique a bel et bien eu lieu.



Désolée messieurs les auteurs d’avoir douté de votre Bud!

 

Ce détective rebutant au premier abord, traînant des casseroles assez classiques pour un ancien flic (alcoolisme, perte d’un enfant, viré de la police…) a subi une formidable transformation, m’emportant avec émotion
dans son sillage. On n’est pas loin de Clint Eastwood dans Gran Torino.

 

Et que dire d’Adela?


Cette femme porte en elle toutes les Rosa Parks, toutes les femmes noires, combattantes de naissance, par le simple fait d’avoir la peau couleur d’ébène.

Ce duo improbable permet en outre au lecteur de parcourir (ou réviser selon) l’histoire américaine des années 60, le ségrégationnisme, la mort de Kennedy, ces faits qui porteront Barack Obama à la Maison Blanche soixante ans plus tard. Et ça, Madame Adela l’a bien
compris:

«Si un détective blanc pouvait aider les noirs, si on pouvait assassiner le président des États-Unis, si elle avait pu se débarrasser de Lazarus, si une femme pouvait vivre avec une femme, alors peut-être qu’un jour Elijah pourrait être chirurgien. Ou président. Non, trop dangereux.
Chirurgien. »

Un formidable moment de lecture! À découvrir!

(En plus, les auteurs vivent en Bretagne !🤩 Non, aucun chauvinisme évidemment.)

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